• Plaidoyer pour l’hydrogène

    Le fondateur de la lettre d’information scientifique RTFlash, pionnier
    de la prospective en ligne en France dans les années 90, répondant à
    un lecteur de nos amis, dessine un avenir radieux pour l’hydrogène
    dans le transport maritime.

    « Bonjour Monsieur …

    Merci pour votre message.

    Sachez que je comprends tout à fait votre irritation quand vous pensez que j’affirme que les navires se servant de voiles pourraient devenir des concurrents des 90.000 navires naviguant actuellement.

    Vous ne me lisez pas depuis assez longtemps pour vous souvenir que c’est en qualité de Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat et Rapporteur de la Recherche française que j’ai créé RT Flash.

    Ainsi quand en 1999, j’ai annoncé qu’à l’horizon 2020 les voitures
    deviendraient autonomes (lire https://www.rtflash.fr/transports-urbains-futur-vers-fin-grandes-infrastructures/article) j’ai reçu des dizaines de lettres qui me disaient assez crûment
    l’incrédulité qu’avait fait apparaitre mon texte.

    Le Président de Renault, lui-même, qui avait lu mon édito, m’a invité
    à aller le voir. Il m’a reçu de manière fort aimable, mais il ne m’a
    pas caché que ce que j’annonçais ne se réaliserait pas avant 2040
    sinon 2050... Et pourtant c’était le Président de Renault ! Voyez où
    nous en serons en 2020 sur la voiture autonome...

    J’ai ainsi mis en ligne des dizaines d’éditos de prospective et à
    chaque fois mes lecteurs, parfois particulièrement instruits, comme le Président de France Télécom, ancrés dans leur présent ne me croyaient pas.

    Si vous aviez entendu au début des années 2000 tout ce qu’on pouvait me dire quand j’annonçais combien la fibre optique allait bouleverser les communications. Et non, très longtemps, en France, on a pensé que l’ADSL serait beaucoup plus efficace que la fibre...

    Je pourrais ainsi en citer pendant des heures.

    Mais pour la marine marchande vous avez raison si vous pensez que
    j’imagine que la voile dominera les transports maritimes dans 20 à 30 ans.

    A cette échéance de 30 ans, tous les navires fonctionneront à
    l’électricité et le vecteur qui leur fournira cette électricité sera
    l’hydrogène.

    Je travaille depuis 5 ans avec l’École Polytechnique de Lausanne
    (EPFL) car je serai particulièrement heureux si ils voulaient
    installer leurs machines expérimentales dans ma propriété pour me
    fournir toute l’énergie dont j’ai besoin. Je distribuerais les
    excédents à mes voisins.

    Or, le Professeur Gabor Laurenczy avec son équipe de chercheurs a
    réussi à stocker l’hydrogène en partant de l’eau et du CO² sous forme
    d’acide formique (CO²H²). Cet acide n’est pas plus abrasif que le
    vinaigre et est moins dangereux à stocker que le gas-oil.

    Les travaux de cette équipe ont abouti et les brevets les protégeant
    ont été déposés. Nous entrons maintenant dans la phase expérimentale.

    Je ne sais pas encore si le coût de production de cet hydrogène sera
    suffisamment concurrentiel pour alimenter des résidences individuelles en énergie mais je porte une certitude, cette nouvelle approche bouleversera l’énergie utilisée par les navires.

    En effet, pour se fournir en énergie, les navires pomperont de l’eau
    de mer. Par hydrolyse , ils sépareront l’Hydrogène (H²) de l’oxygène
    de l’eau. Ils mélangeront cet hydrogène avec le CO² de l’atmosphère
    pour fabriquer de l’acide formique.

    Des dizaines de milliers de litres d’acide formique seront stockés
    sans danger dans les soutes des navires.

    Quand le navire aura besoin d’électricité pour faire tourner ses
    moteurs électriques ou pour obtenir l’électricité nécessaires pour
    tous ses services, des pompes à combustibles (PAC) prélèveront de
    l’acide formique (H²CO²) dans les réservoirs, sépareront le H² du CO²
    , renverront le CO² au début du process pour fabriquer à nouveau de
    l’acide formique, et le H² ainsi récupéré fournira immédiatement de
    l’électricité en s’associant à l’oxygène de l’air.

    Il ne peut pas y avoir de plus beau principe pour obtenir de l’énergie
    en partant du soleil ( c’est le soleil qui sera utilisé pour faire
    l’hydrolyse) et du CO² de l’atmosphère.

    Je ne serai plus là pour le vérifier mais si vous êtes encore vivant
    vous constaterez dans 30 ans , en 2050, que j’avais raison et que les
    navires ne rejetteront plus alors un seul gramme de CO²

    Bien Cordialement. »

    René TREGOUET

    Sénateur Honoraire

    Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

    Rédacteur en Chef de RT Flash

    e-mail : tregouet@gmail.com