• Sarah, « travailleuse du clic » : « La nuit, je remplis des demandes de devis qui me rapportent plusieurs euros d’un coup »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/04/25/sarah-travailleuse-du-clic-la-nuit-je-remplis-des-demandes-de-devis-qui-me-r

    Des dizaines de milliers de personnes vont régulièrement sur des sites proposant des tâches rémunérées à la pièce pour arrondir leurs fins de mois. Souvent, l’activité de microtravailleur est exercée par des femmes au foyer.

    Où va le travail ? On pourrait la prendre pour une femme d’affaires. Assise sur son canapé, des lunettes papillon vissées sur le nez et l’œil fixé sur l’écran de son ordinateur portable, Sarah Guyon parcourt, imperturbable, la liste des « missions » rémunérées du jour.

    Deux centimes d’euro pour cliquer sur un article du Figaro, 18 centimes pour installer un logiciel permettant de lire des fichiers PDF, 36 pour inscrire ses coordonnées dans une demande de devis pour le réparateur automobile Speedy… « Ça ne paraît pas énorme comme ça, mais, en me connectant tous les jours, j’arrive à gagner 200 à 300 euros par mois », explique cette mère de 26 ans.

    Il y a cinq ans, après la naissance de son deuxième enfant et les premières « galères financières », elle est venue grossir les rangs de l’armée invisible des « travailleurs du clic », ces individus effectuant en ligne des tâches, souvent très rapides, rémunérées à la pièce. Ils seraient aujourd’hui plus de 250 000 en France à se connecter occasionnellement sur des plates-formes de microtravail – un nombre qui dépasse celui des personnes travaillant pour Uber ou Deliveroo –, et 15 000 à y être « très actifs » selon une étude publiée en février par des chercheurs de Télécom ParisTech, du CNRS et de MSH Paris Saclay.
    Lire notre enquête : Sur Amazon Turk, les forçats du clic

    Pour l’heure, le travail du clic n’est ni encadré ni reconnu comme tel. Et Sarah Guyon, qui vit à Montmeyran, dans la Drôme, est toujours considérée par l’Insee comme « inactive ».