Reka

géographe cartographe information designer - rêveur utopiste et partageur de savoirs

  • Le Mollah Krekar, réfugié en Norvège, n’est pas Charlie

    

    Ce soir à la télé publique norvégienne - à une heure de grande écoute - le peuple Norvégien a pu assister à une interview totalement hallucinante du Mollah Krekar, retransmise sans coupure. J’en ai fait une transcription en Français presque complète, vous la trouverez ci-dessous, ce qui vous donnera une idée de ce qu’on peut dire en public à la télé norvégienne (et ressortir libre du studio) pendant qu’en France on fout des mômes de 8 ans en garde à vue quand ils disent des trucs idiots qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes.

    Le Mollah Krekar, Najmuddin Faraj Ahmad de son vrai nom, c’est ce sympathique personnage né en 1957, originaire du Nord de l’Irak, arrivé en Norvège en 1991 avec un contingent de réfugiés.

    Il est marié et a quatre enfants, lesquels - comme son épouse - sont de nationalité norvégienne. Il a fondé et dirigé le mouvement Ansar al-Islam entre 1991 et 2002.

    Alors qu’il avait le statut de réfugié, il a fait plusieurs voyage au Moyen-Orient.

    Au début des années 2000, il a exprimé son soutien à Oussama ben Laden, mais a nié être affilié avec Al-Qaïda. "Mollah" est un titre honorifique utilisé de plusieurs manière dans l’Islam. Ce sont souvent des juristes formés dans des universités islamique. Krekar, lui, a une maîtrise en droit islamique.

    Un avis d’expulsion de Norvège a été prononcé contre lui en Février 2003 pour des raisons de sécurité nationale, avis que la Haute Cour a confirmé en 2007. Mais en réalité, il est inexpulsable car la Norvège ne peut pas garantir qu’il ne soit pas zigouillé dès qu’il aura remis les pieds en Irak. Depuis 2006, il figure sur la liste des terroristes établie par les Nations unies.

    En décembre 2012, il a écopé d’une peine d’un peu moins de trois de prison pour des menaces de mort sur la personne d’Erna Solberg, actuelle première ministre et trois activistes kurdes réfugiés en Norvège. Il a été libéré en janvier 2015, et depuis, les autorités norvégiennes savent plus trop quoi en faire : l’isoler dans un petit village sur la côte ouest avec interdiction de voyager ou l’expulser vers l’Italie.

    En attendant, la NRK lui a déroulé le tapis rouge pour une interview ce mercredi soir 25 février, au cours de laquelle il a successivement affirmé être super content des meurtres de l’équipe de Charlie, être en faveur de tuer les norvégiens qui osereraient se moquer de l’Islam, et prêt à faire allégeance au calife des califes de l’Etat islamique, al-Baghdadi. Rien que ça.

    Mais ce soir, tout le monde se demande pourquoi il a tenu ce langage et fait ces réponses, puisque vivant en Norvège depuis plus de vingt ans, il savait parfaitement bien que son discours tombait sous le coup des lois contre l’apologie du terrorisme et des meurtres (la presse explique ce soir que la police est en train de décrypter soin interview pour lister tous les cas de violation à la loi, et éventuellement l’arrêter).

    Et nous nous demandons si, sachant sa "fin norvégienne" assez proche puisque les autorités recherchent tous les moyens de l’expulser et qu’ils y arriveront bien un jour (la Norvège expulse des familles entières en Irak en ce moment), il n’a pas voulu délibérément tenir des propos dont il savait pertinemment qu’ils allaient le ramener directement vers la case prison (et donc redevenir complètement inexpulsable). Il y a une autre possibilité : Il sait qu’il va tôt ou tard revenir en Irak de manière forcée, et il tient un discours qui "prépare" son arrivée et sa probable rencontre avec les responsables du califat.

    Voici les références des principaux papiers parus ce soir, mais demain, la presse sera pléthoriquement pleine d’analyses.

    Politiet gjennomgår nye Krekar-uttalelser
    http://www.abcnyheter.no/nyheter/2015/02/25/218751/krekar-nordmenn-som-tegner-muhammed-ma-do

    Terroraksjonen i Paris gjorde meg glad
    http://www.nrk.no/norge/_-terroraksjonen-i-paris-gjorde-meg-glad-1.12225035

    Sjå Krekar-intervjuet
    http://www.nrk.no/video/PS*199462

    Hvis noe skjer med meg er det Krekar sin skyld
    http://www.nrk.no/norge/_-hvis-noe-skjer-med-meg-er-det-krekar-sin-skyld-1.12229577

    No blir det endå vanskelegare å sende Krekar til Irak
    http://www.nrk.no/norge/_-no-blir-det-enda-vanskelegare-a-sende-krekar-til-irak-1.12229769

    Et maintenant, la transcription de l’interview. Accrochez-vous, le mec est totalement taré de chez taré (mais pas complètement fou quand même parce que quand le journaliste lui demande s’il fera allégeance à al-Baghdadi, il répond que euh... peut-être pas tout suite parce que "je le connais pas encore assez bien". Pour le reste c’est de la folie psychopatique et donc : #brrr...

    C’est brut de fonderie, il reste des fautes que je corrigerai petit à petit en reprenant le billet dans les semaines qui viennent.

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    Transcription de l’interview du Mollah Krekar sur NRK le Mercredi 25 février 2015
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    Journaliste : « Un homme a brûlé un Coran. Il habite en Norvège : mérite-il de perdre la vie ? »

    Mollah Krekar : « Celui qui brûle un Coran, c’est une insulte, il mérite la mort. Lui, [en brûlant le Coran] il a commis un crime qui mérite la mort. C’est la communauté musulmane qui a la responsabilité d’exécuter la punition, et cela, où qu’il se trouve, en Norvège où aux Etats-Unis. Moi, là, je menace personne. Je rappelle simplement ce qu’en théorie est la loi, ce qui est écrit dans le Coran. Je n’ai pointé personne en disant toi, on va te tuer ! ».

    Journaliste : « Cet homme qui a brûlé le Coran, dit avoir peur que quelqu’un se sente inspiré par vos propos et l’assassine. Qu’en pensez-vous ? »

    Mollah Krekar : « il doit craindre les Somaliens, les Indonésiens, les Africains, les Tchétchènes, qui que ce soit qui suit et respecte le Coran. Il n’a pas à avoir peur de moi, mais il doit craindre le crime qu’il a commis et la punition qui tôt ou tard sera exécutée. Et il ne s’agit pas seulement de ceux qui m’ont entendu : n’importe qui connaissant la loi peut le tuer. N’importe qui. On défend notre religion avec notre sang. Il y a des limites et nos limites se défendent avec notre sang, avec des bombes. Ceux qui insultent notre religion doivent savoir que l’un de nous va mourir. Ceux qui insultent notre religion et notre foi doivent savoir qu’ils s’engagent dans une guerre mortelle ».

    Journaliste : « Mais vous, vous sentiriez vous apaisé si cette homme venait à être assassiné ? »

    Mollah Krekar : « Oui, bien sur, j’enverrai même un cadeau à celui qui aura le courage de le tuer. Je me demande bien pourquoi je ne me réjouirai pas de sa mort ».

    Journaliste : « Est-ce que ça veut dire que vous -vous réjouissez de l’attaque contre Charlie-Hebdo à Paris et celle contre Lars Vilks à Copenhague ?

    Mollah Krekar : « Sur le Danemark je sais peu de chose, mais bien entendu, je suis très content de ce qui s’est passé en France ».

    Journaliste : « Ceux qui ont mené l’attaque contre Charlie-Hebdo, qu’avez-vous envie d’en dire ? »

    Mollah Krekar : « Ils ont défendu leur foi, ce qu’ils ont de plus sacré ».

    Journaliste : « C’était des héros ? »

    Mollah Krekar : « Non, c’était des djihadistes ».

    Journaliste : « Souhaitez-vous qu’il y ait en Norvège des « héros » de ce type ? »

    Mollah Krekar : « Non, pas vraiment. Je ne dis pas ça parce que j’habite en Norvège, mais vraiment, la France méritait cela. Mais si la Norvège fait la même chose que ce que la France a fait, alors là oui, la Norvège mériterait le même châtiment ».

    Journaliste : « Et si en Norvège, pour la première fois, un dessinateur représenterait Mahomet, trouveriez-vous juste et normal qu’un islamiste ou un sympathisant l’assassine ? »

    Mollah Krekar : « Ce n’est pas moi qui « autoriserait » cela, mais ce que je peux dire, c’est que le dessinateur dans ce cas est un « guerrier » qu’on a le droit d’abattre. Dans ce cas, il ne faut pas utiliser des explosifs qui risquerait de blesser des innocents ».

    Journaliste : « donc s’il est seul, ça va ? »

    Mollah Krekar : « Certainement ! parce qu’il a piétiné notre dignité, nos principes et notre foi ! il doit mourir. Celui qui ne respecte pas 30 % de la population mondiale (musulmane, donc), n’a aucunn droit de vivre ».

    Journaliste : « Mais il y a des journaux en Norvège, des médias dont la NRK [télévision publique norvégienne où le Mollah Krekar est interviewé…] qui ont publié ces caricatures de Mahomet ? »

    Mollah Krekar : « Oui… En fait [Mollah Krekar un peu emmerdé hésite...], vous savez, c’est le premier coup qui compte. Par exemple, le Jyllandsposten au Danemark a publié le premier ces abominables caricatures en 2005 au Danemark. C’est sur eux que le châtiment doit s’appliquer ! après, elles ont été reproduites dans plus de 13 pays pour essayer de réduire la pression sur le Danemark. Ce n’est pas une chose à faire, bien sur, c’est mal, mais c’est le premier qui a publié qui mérite la sentence [de mort]. Ceux qui se moquent de notre religion doivent savoir que nous, on fait pas comme les juifs qui s’en accommodent. Nous, on vit et on meurt pour notre religion, rien n’est plus sacré que notre religion. Ceux qui offensent notre religion doivent savoir que nous leur lancerons des bombes.

    [note : ici, il y a une subtilité dans la langue norvégienne sur le verbe « å støte - avec un seul t - qui veut dire « offenser » et le verbe « å støtte » - avec deux tt - qui veut dire « soutenir » - faut donc, avec des mecs comme Krekar, faire attention au nombre de « t » que vous utilisez. On sait jamais, ces gens là se sont montrés assez susceptibles ces derniers temps].

    Nous n’avons absolument aucune tolérance pour cela. On ne vit pas pour notre vie, ni pour notre estomac, On ne vit que pour notre religion ».

    Journaliste : « Trouvez-vous bien que les jeunes norvégiens musulmans partent faire la guerre au Moyen-Orient pour soutenir le Djihad ? »

    Mollah Krekar : « Les jeunes gens, filles et garçons, qui partent faire le Djihad devraient réfléchir, et sérieusement étudier la région et les types de combats auxquels ils vont être confrontés. Et surtout, ce qu’ils veulent vraiment faire en allant là-bas. Ils peuvent alors partir sans prendre le risque de revenir après six mois s’ils sont déçus. Même s’ils ne sont là-bas que pour balayer les rues. Celui qui part faire le Djihad ne doit pas revenir. Il doit rester. S’il revient, ça fout vraiment le bazar dans les communautés musulmanes, les services de renseignement s’en mêle et ça met une forte pression sur les musulmans ».

    Journaliste : « Pour vous, la guerre en Irak et en Syrie est-elle importante ? »

    Mollah Krekar : « Bien sur que c’est important ! Ce qui se passe en Syrie actuellement est très important. Le peuple voulait se débarrasser de l’ancien régime criminel. La seule voie à suivre pour la Syrie, c’est celle du Djihad, quoi qu’en disent les Occidentaux ».

    Journaliste : « Est-il important pour vous que l’établissement du califat se fasse avec un calife issu de la même famille que Mahomet ? »

    Mollah Krekar : « C’est un point crucial que les occidentaux ne comprennent pas. L’Islam, c’est pas comme la chrétienté (sic). Notre Islam, c’est un mouvement politique. la bible, c’est pas comme le Coran. Le Coran a plus de 500 versets sur la politique et la gouvernance, sur le droit et la justice. Dans la bible, rien du tout. Ça fait tout de même une grande différence, et dans l’Islam, il est impossible de distinguer la politique de la religion. C’est la même chose. L’établissement du Califat se fait sur des racines très profondément ancrées dans notre religion. Ce qui s’est passé en Syrie, c’est que le Dr. Abu Bakr al-Baghdadi a déclaré la création d’un califat que l’occident craint beaucoup. Deux points importants à propos d’al-Baghdadi :

    D’abord, tous les occidentaux craignent ce califat qui devrait aller du Maroc à l’Indonésie en passant par l’Afrique du Sud et la Tchétchénie, parce que nous, musulmans, nous soutenons ce calife parce que nous pensons qu’il est légitime.

    Ensuite, il faut comprendre que les vielles frontières sont caduques, elles sont effacées. La ligne Sykes-Picot n’existe plus ».

    Journaliste : « Est-ce que vous allez faire allégeance à ce Calife ? »

    Mollah Krekar : « Non, je ne suis pas prêt, parce que je ne le connais pas encore assez bien, et je ne sais pas très bien quelles règles il suit… Dans nos livres religieux, il y a sept conditions pour l’établissement d’un califat. Mais si je considère que c’est le calife, alors je lui ferai allégeance ».

    Journaliste : « Pensez-vous que ce califat ou un autre va s’étendre [prendre encore plus d’importance] dans le monde dans le futur ? ? »

    Mollah Krekar : « Le monde entier, je ne crois pas, dans dans les 20 ans qui viennent, le califat va s’affirmer et se solidifier, et qu’il jouera un rôle important dans la communauté internationale. Avec la volonté de Dieu, nous aurons notre Califat ».

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