• Ambivalence du journalisme

    « C’est ce qui fait que l’homme politique a partie liée avec le
    journaliste, détenteur d’un pouvoir sur les instruments de grande diffusion qui lui donne un pouvoir sur toute espèce de capital symbolique (le pouvoir de « faire ou défaire les réputations » dont l’affaire du Watergate a donné la mesure). Capable, au moins dans certaines conjonctures politiques, de contrôler l’accès d’un homme politique ou d’un mouvement au statut de force politique qui compte, le journaliste est voué, comme le critique, au rôle de faire-valoir hors d’état de faire pour lui-même ce qu’il fait pour les autres (et les tentatives qu’il peut faire pour mobiliser en faveur de sa personne ou de son œuvre les autorités intellectuelles ou politiques qui doivent quelque chose à son action de faire valoir sont d’avance condamnées). Aussi est-il uni à ceux qu il a contribué à faire (à proportion de sa valeur en tant que faire-valoir) par une relation de profonde ambivalence qui le porte à balancer entre la soumission admirative ou servile et le ressentiment perfide, prêt à s’exprimer au premier faux-pas de l’idole qu’il a contribué à produire. » (#Bourdieu )